Les histoires d'empreintes perdues de Stéphane Guertin
Depuis qu’il est tout petit, Stéphane Guertin habite sur le bord d’un lac ou d’une rivière. Son rapport à l’eau est fort de souvenirs. Pour lui, il y a quelque chose de nostalgique d’observer le temps qui passe au bord de l’eau. La fluidité, les empreintes, la puissance et la douceur de cet élément lui semblaient des thématiques intéressantes à aborder.
Il y a aussi l’histoire d’un petit village qui a été inondé lors de l’érection d’un barrage hydro-électrique qui a attiré son attention. Il y avait un potentiel intéressant au niveau dramatique de mettre en scène l’histoire de ces habitants forcés à migrer par la simple volonté du bien commun.
Stéphane avait des images de quelques personnages, de lieux ou d’intrigues réels ou fictifs, mais le début de l’écriture s’est fait grâce à l’improvisation.
«Je me lance dans une histoire en ayant le début, le milieu et la fin, et j’improvise. J’aime le processus dit d’essais et d’erreurs où le stress et la spontanéité provoquent souvent des idées intéressantes. Je réécoute ensuite mes performances et j’en retranscris les meilleures parties pour les retravailler», déclare-t-il.
«Être dans une salle de spectacle fait toute la différence. Même sans spectateur, la scène crée le stress de la représentation. Et c’est riche au niveau créatif», déclare Stéphane.
Durant la semaine, l’équipe entourant l’artiste, Dillon Or (metteur en scène), Lana Morton (chorégraphe), Émilio Sebastiao (concepteur des éclairages) et Vincent Laprade Séguin (technicien du MIFO), a joué le rôle d’observateurs et de conseillers. Le thème principal, l’eau, a évolué pour se centrer sur le thème de la mémoire.
Au courant de la semaine, le texte a donc été retravaillé, affiné, transformé.
Malgré le fait que le spectacle en sera un de conte, Stéphane s’est largement inspiré des codes des spectacles de danse: une scénographie épurée et un grand jeu de lumière venant insuffler les sensations de l’eau ainsi que des émotions. Il a aussi incorporé de la danse comme transitions entre les contes.
«Énoncer sans dire... je trouve la danse parfois plus onirique que la parole», affirme Stéphane.
Le public pourra découvrir plusieurs histoires qui seront reliées entre elles. Sans divulguer les points importants, Stéphane explique qu’en s’inspirant de ses propres souvenirs, de sa grand-mère notamment, atteinte de la maladie d’Alzheimer, et d’histoires d’empreintes perdues comme le village mentionné plus haut, il a pu créer une myriade d’histoires fictives abordant la grande thématique de la mémoire.
Du 15 au 19 août 2021, Stéphane et ses concepteurs reviendront au MIFO pour une prochaine étape de création.
« Maintenant que la structure est plus claire, je vais travailler sur le texte afin de l’affiner. Lors de cette seconde résidence, nous pourrons alors tester toutes les conceptions d’éclairage et de son et ainsi nous mettre en conditions réelles d’un spectacle. Le 19 août 2020, nous comptons présenter la moitié du spectacle afin de prendre le pouls de la communauté. C’est toujours une étape fébrile, mais tellement importante. »
Le MIFO souhaite remercier ses bailleurs de fonds (Conseil des arts de l’Ontario, Ville d’Ottawa et Patrimoine canadien) et le Conseil des écoles publiques de l’est de l’Ontario pour leur soutien dans cette expérience unique.
«Permettre aux artistes d’accéder à un espace professionnel fait partie du mandat du MIFO, et durant cette période de crise, il est d’autant plus important de soutenir les talents locaux. Nous sommes ravis de faire partie de ce processus de création», conclut Anne Gutknecht, la directrice artistique du MIFO.
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